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  • domingo, 27 de dezembro de 2015

    De l’ancestrale déférence aux défunts



    Traduction: Jean Emmanuel Nunes

    Paris / France


    D’après Léon Denis, le culte des morts s’est forgé à une époque très lointaine et se retrouve dans la quasi-totalité des tendances religieuses. Pour l’auteur de « Après la mort », la commémoration des morts est, quant à elle, un leg des Celtes. Les Gaulois, au lieu de commémorer dans les cimetières, entre les tombes, célébraient dans leurs foyers le souvenir des amis repartis, et non pas perdus, et évoquaient la mémoire des esprits aimés, qui parfois se manifestaient à travers les druides et les bardes inspirés (1).

    Ils ne vénéraient donc pas les restes cadavériques, mais l’âme survivante, et c’était dans l’intimité de chaque habitation qu’ils célébraient le souvenir de leurs morts, loin des catacombes, à la différence des peuples primitifs. La Fête des Esprits était d’ailleurs d’une grande importance pour eux puisqu’ils rendaient hommage à Samhain, « le Seigneur de la mort », une fête qui commençait toujours la nuit précédent le 1er novembre, c’est-à-dire dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre.

    Les Romains expulsèrent et détruisirent les druides, en imposant le fameux « christianisme clérical » (ou colérique ?). Cette période historique de frénétique agitation, mutilée plus tard par les barbares au cours d’une nuit de dix siècles (l’indigeste Moyen Âge), qui a proscrit le spiritualisme et intronisé la superstition, le surnaturel, le miracle, la béatification, la sanctification et l’endormissement décisif de la conscience humaine.

    L’histoire officielle de l’église romaine indique que ce fut au sein du monastère bénédictin de Cluny, dans le sud de la France, qu’en l’an 998, Saint Odilon, abbé, a promu la célébration du 2 novembre en mémoire des morts, pour la replacer dans une perspective catholique. Mais c’est en 1311 que Rome approuva la célébration de la mémoire des défunts. Cependant, c’est Benoît XV qui universalisa cette célébration, en 1915, parmi les catholiques, de sorte que l’extension de la religion aida plus encore à la diffusion de cette coutume.

    La législation en vigueur au Brésil établit le 2 novembre comme étant un jour férié dans tout le pays, afin que les personnes puissent rendre hommage à leurs «morts». Objectivement, on doit respecter les désincarnés en ayant l’amour et la fraternité pour objectif, sans qu’il soit nécessaire de consolider nos nobles sentiments face à des tombes, ni que nos souvenirs ou hommages se déroulent un jour spécial, fixé officiellement.

    Aujourd’hui, cette célébration a été détournée, notamment le rituel religieux, puisque l’aspect mercantile a pris le pas sur l’aspect sentimental et émotionnel, dès lors que la commercialisation des fleurs, des cierges, des images de saints, d’étoffes, et celui de la conservation des tombes (dont on ne se souvient habituellement qu’en novembre) répondent à ce protocole social.

    La splendeur des sépultures funèbres est établie par les parents qui désirent honorer la mémoire du défunt, relevant la vanité et l’orgueil de ces parents, qui, psychologiquement, cherchent d’abord à s’honorer eux-mêmes. Ce n’est pas toujours pour le défunt qu’ils procèdent à toutes ces démonstrations, mais par arrogance, ou pour l’estime du monde, et parfois pour exhiber sa richesse. Or, il ne sert à rien au riche de s’aventurer à éterniser sa mémoire au travers d’un mausolée magnifique.

    Des bienfaiteurs, nous recevons de sages enseignements à propos des funérailles et de la commémoration des morts. Voyez : « Les Esprits sont-ils sensibles au souvenir de ceux qu'ils ont aimés sur la Terre ?
    -          Beaucoup plus que vous ne pouvez le croire ; ce souvenir ajoute à leur bonheur s'ils sont heureux ; et s'ils sont malheureux, il est pour eux un adoucissement » (2).

    S’agissant, du Jour des défunts, ils affirment que c’est une journée comme les autres, car les esprits sont sensibles à nos pensées, pas aux célébrations humaines. Le Jour des défunts, ils « sont plus nombreux ce jour-là, parce qu'il y a plus de personnes qui les appellent ; mais chacun d'eux n'y vient que pour ses amis, et non pour la foule des indifférents » (3).

    La massive visite traditionnelle de la sépulture ne signifie pas qu’elle apporte une satisfaction aux morts, puisqu’une prière à leur intention leur sera plus profitable. Il est bien vrai que « La visite au tombeau est une manière de manifester qu'on pense à l'Esprit absent : c'est l'image. Je vous l'ai dit, c'est la prière qui sanctifie l'acte du souvenir ; peu importe le lieu, si elle est dite par le cœur » (4).

    Des personnes (beaucoup d’ailleurs) demandent, avant même de mourir, à être enterré dans tel ou tel cimetière. Cette attitude, sans l’ombre d’un doute, démontre leur infériorité morale. « Que fait un coin de terre plutôt qu'un autre pour l'Esprit élevé ? » (5).

    Réfléchissons ensemble : le Jour des Défunts est-il consacré aux défunts libres ou aux morts encore attaché à la vie matérielle ? Deux types de morts sont possibles : ceux qui se sentent totalement libres de leurs vestes charnelles, et donc « vivants » pour la vie spirituelle pleine, d’une part, et, d’autre part, ceux qui conservent la sensation d’être encore incarné et qui sont pourtant « morts » pour la vie physique, ne vivant dans la spiritualité qu’une vie animale. « Pour le monde, les morts sont ceux qui ne sont plus revêtus de chair ; pour Jésus, ce sont ceux qui vivent immergés dans la matière, étrangers à la vie première qu’est la vie spirituelle. Voilà ce qui explique le célèbre enseignement évangélique où une personne qui souhaitait suivre le Maître, demandait d’abord à pouvoir enterrer son père qui venait de décéder » (6). Et Jésus proclama alors : « Laisse les morts enterrer leurs morts, mais toi, va annoncer le Règne de Dieu » (7).

    Bien sûr, « mieux vaut se souvenir avec joie, et non se lamenter, de ceux qui sont parti et qui sont pleinement vivants. Le Jour des défunts est un ensemble de joie et de douleur, de présence et d’absence, de fête et de nostalgie. A nous qui restons ici, il nous faut réfléchir et célébrer la vie avec amour et tendresse, pour ensuite, peut-être, ne pas sombrer dans l’amertume du regret. A ceux qui sont parti, notre prière, notre gratitude, notre souvenir, notre tendresse, notre amour ! » (8).

    Si nous sommes capables de prier en toute sérénité et confiance, transformant la nostalgie en espérance, alors nous ressentirons parmi nous la présence de nos parents et amis désincarnés, enveloppant notre cœur de joie et de paix. Pour cette raison et bien d’autres, faisons du 2 novembre un jour de révérence à la vie, en nous souvenant tendrement de ceux qui précèdent notre retour dans la patrie spirituelle, tout comme de ceux qui partagent le chemin de notre existence terrestre.

    Jorge HESSEN

    Le 3 novembre 2015


    Source : A luz na mente, revista online
    Traduction : J.E.
    Bibliographie :

    1)    Le génie celtique et le monde invisible, Léon Denis
    2)    Livre des esprits, Allan Kardec, q. 320
    3)    Livre des esprits, Allan Kardec, q. 321
    4)    Livre des esprits, Allan Kardec, q. 323
    5)    Livre des esprits, Allan Kardec, q. 325
    7)    Luc, 9:60
    8)    Jornal Mundo Espirita, novembre 2006, éditorial

    segunda-feira, 7 de dezembro de 2015

    Lynchage : une foule homicide



    Traduction: Jean Emmanuel Nunes

    Paris / France


    D’après Wikipédia, le lynchage est l’exécution sommaire d’une ou plusieurs personnes, commise par une foule dans l’objectif de punir un criminel supposé ou pour intimider, contrôler ou manipuler une partie spécifique de la population. L’article précise que le Colonel Charles Lynch, dans la période qui précéda la guerre d'indépendance des États-Unis, décida, en 1782, de réformer la façon dont la justice était appliquée dans sa région et de pratiquer le lynchage (1). D’autres sources attribuent ce terme de lynchage au capitaine William Lynch, un esclavagiste originaire du comté de Pittsylvanie, en Virginie, qui dirigeait un comité de maintien de l’ordre durant la colonisation américaine. Vers 1837, la « loi de Lynch » donna naissance au mot « lynchage », particulièrement en Nouvelle-Angleterre où, en dépit des lois qui les protégeaient, des noirs furent poursuivis par des Comités de vigilance, qui donneront naissance au Ku Klux Klan. 

    Malgré les deux origines possibles, à savoir de Charles ou de William Lynch, on trouvait des procédés de justice expéditive similaires au Moyen-Age en Europe. D’ailleurs, dans l’Antiquité, nombre d’écrits relatent des faits de lynchage pratiqués sous les auspices de la loi. 

    Parmi les juifs, la lapidation, qui est le fait pour la foule de jeter des pierres, est la peine appliquée à certaines infractions, telles que l’adultère d’une femme et l’homosexualité masculine, entre autres. Deux cas célèbres de lapidation sont relatés dans le Nouveau testament : celui de la femme adultère, évité par Jésus-Christ, et celui d’Étienne.

    C’est un fait de ce type qui provoqua l’émotion dans tout le Brésil, celui du meurtre de Fabiana Maria de Jésus, la 20ème mort par lynchage au Brésil au cours de l’année 2014 (2), qui fut lynchée par les habitants du quartier de Morrinhos IV, à la périphérie de la ville de Guaruja, située sur le littoral de l’État de São Paulo, et qui intervint le 3 mai 2014. Fabiana avait 33 ans. C’était une femme au foyer mariée, mère de deux enfants, qui vivait au sein de ce quartier. Elle fut confondue avec une femme qui enlevait des enfants pour se livrer à des sacrifices lors de rituels de magie noire. Elle fut battue et tuée par la foule.

    La violence de l’homme « civilisé » a ses racines profondes et vigoureuses dans la jungle. L’homo « brutalis » a ses lois : subjuguer, humilier, torturer, lyncher et tuer. Le pragmatisme des sociétés contemporaines robotise l’homme, ce qui signifie qu’il l’a pétrifié sur le plan moral. Le même individu, qui se prosterne face aux images froides du Très haut dans des temples somptueux, est capable d’ordonner tortures et lynchages. L’homme contemporain est tourmenté par la peur, cet atroce ennemi qui le tourmente, une fois soumis aux contingences de la vie actuelle, mais est aussi tourmenté par l’insécurité et les incertitudes, résultant d’une grave détérioration de l’éthique. Il lui faut pour cela reprendre ses concepts, repenser ses valeurs, réformer son intimité et adopter l’Évangile en tant que ligne directrice sure pour l’avenir de la société.

    Au 21ème siècle, dans une société civilisée, on s’attend à ce que les personnes se mobilisent pour améliorer les institutions et non à ce qu’elles se fassent justice par elles-mêmes de manière sauvage, sans donner aux suspects le droit de se défendre. Et ce dans l’objectif de rendre une justice supposée, où l’injustice est souvent de règle. Même si la victime est réellement criminelle, cela ne change rien au caractère bestial du lynchage. 

    Dans le passé, les lyncheurs étaient autorisés à rendre coup pour coup grâce au code d’Hammourabi, édicté en 1780 avant Jésus-Christ, un des premiers codes législatifs écrits dans l’Histoire, connu également sous le nom de «Loi du Talion», qui prêchait le principe de la proportionnalité de la punition et du « œil pour œil, dent pour dent ».

    Habituellement, les lynchages se produisent dans des sociétés où l’on n’a pas confiance dans les dispositifs de sécurité, ni dans les processus pénaux : une police négativement appréciée, un sentiment d’impunité généralisé, une justice perçue comme étant en lente et inutile, un État absent, incapable de résoudre les conflits, bref un système qui ne fonctionne pas. C’est ce manque de confiance et de légitimité qui conduit le lyncheur à agir et à justifier sa stupide action de se faire justice lui-même.

    Le comportement libre et « justifié » des lyncheurs reflète quelque peu le concept « d’état naturel » de Hobbes (1588-1679) et de Locke (1632-1704). Pour Thomas Hobbes : « l’homme est un loup pour l’homme », « L'intérêt et la crainte sont les principes de la société et toute la morale consiste à vivre selon notre bon plaisir », et il est important que l’autorité de l’État établisse l’ordre. Quant au philosophe John Locke, il énonçait que s’il y avait un manque de confiance dans l’État ou s’il n’accomplissait pas ses obligations, le peuple pouvait se rebeller. En ce sens, le lynchage est une façon de se rebeller contre l’État vis-à-vis duquel on se méfie. Plus tard, le théoricien écossais David Garland, qui étudia les lynchages dans ses diverses œuvres, a défini cette pratique comme étant une forme collective de réaliser une justice rétributive, afin de rétablir l’honneur perdu et de réaffirmer le pouvoir du groupe.

    La vague croissante de délinquance, qui se répand à travers la Terre, prend des proportions catastrophiques et imprévisibles, ce qui exige une profonde réflexion de la part de l’homme honnête et lucide. « D’après les récentes statistiques de l’ONU, le Brésil (un pays supposé paisible) occupe la 15ème place dans la liste des pays les plus violents du monde (ce qui a conduit le journal Le Monde à baptiser la coupe du monde de la FIFA de « coupe de la peur »). Et parmi les 50 villes les plus dangereuses de la planète, 16 sont brésiliennes » (3).

    « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades » (4). Il faut donc réfléchir, à la lumière de la Doctrine spirite à propos du crime, de la violence et de la loi. Le premier commandement de la Loi divine inclut la charité envers les criminels, aussi difficile que ce sentiment puisse paraître face à la barbarie. 

    Devant la Loi de Dieu, nous sommes tous frères, aussi répugnant que cette idée puisse paraître aux lyncheurs. Le criminel est quelqu’un qui méconnaît la Loi divine, qui ne reconnaît pas la paternité divine, et qui ne voit donc pas l’autre comme un frère. 

    Nous, nous avons acquis cette valeur, et nous savons qu’il est aussi un fils de Dieu, même s’il a dévié du bien, et qu’il a besoin de notre amour fraternel. Mais comment aimer un criminel, un ennemi de la société ? Kardec enseigne : « Aimer ses ennemis, ce n'est donc point avoir pour eux une affection qui n'est pas dans la nature, car le contact d'un ennemi fait battre le cœur d'une tout autre manière que celui d'un ami ; c'est n'avoir contre eux ni haine, ni rancune, ni désir de vengeance ; c'est leur pardonner sans arrière-pensée et sans condition le mal qu'ils nous font ; c'est n'apporter aucun obstacle à la réconciliation ; c'est leur souhaiter du bien au lieu de leur souhaiter du mal ; c'est se réjouir au lieu de s'affliger du bien qui leur arrive ; c'est leur tendre une main secourable en cas de besoin ; c'est s'abstenir en paroles et en actions de tout ce qui peut leur nuire ; c'est enfin leur rendre en tout le bien pour le mal, sans intention de les humilier. »(5).

    Le Maître nazaréen indiqua : « Vous avez appris qu'il a été dit aux Anciens : 

    Vous ne tuerez point, et quiconque tuera méritera d'être condamné par le jugement.

    - Mais moi je vous dis que quiconque se mettra en colère contre son frère méritera d'être condamné par le jugement ; que celui qui dira à son frère : Racca, méritera d'être condamné par le conseil ; et que celui qui lui dira : Vous êtes fou, méritera d'être condamné au feu de l'enfer (Mathieu, 5:21-22) » (6). Allan Kardec en conclut : « Par ces maximes, Jésus fait une loi de la douceur, de la modération, de la mansuétude, de l'affabilité et de la patience ; il condamne par conséquent la violence, la colère et même toute expression désobligeante à l'égard de ses semblables » (7).

    Ainsi, le spiritisme enseigne qu’aimer ses ennemis est l’une des grandes conquêtes sur l’égoïsme et l’orgueil. C’est leur souhaiter le bien et non le mal, et n’avoir pour eux ni haine, ni désir de vengeance.

    Jorge HESSEN

    Le 6 juin 2014

    Source : A luz na mente, revista online

    Traduction : J.E.

    Bibliographie :

    1) http://pt.wikipedia.org/wiki/Linchamento
    2) Correio braziliense, juin 2014
    3) http://www.brasilpost.com.br/patricia-melo/genocidio-autorizado_b_5291725.html
    4) Mathieu, 9:10-12
    5) Allan Kardec, Evangile selon le spiritisme, ch. 12, §3
    6) Allan Kardec, Evangile selon le spiritisme, ch. 9, §3-4 ; Mathieu, 5:21-22
    7) Allan Kardec, Evangile selon le spiritisme, ch. 12, §3-4 ; Mathieu, 5:21-22