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  • domingo, 23 de setembro de 2018

    NOUS NE SOMMES PAS DES JOUETS DU HASARD BIOGÉNÉTIQUE



    Traduction: Jean Emmanuel Nunes
    Paris / France

    Un rapport publié dans la revue scientifique « New Scientist » affirme que le "gène" à l'origine du mauvais comportement a été identifié. Selon les résultats de cette recherche, les adolescents sont plus susceptibles de commettre des crimes violents s'ils disposent d’une version moins active du "gène" contrôlant l'agressivité. L'étude a été menée par l'Institut de Psychiatrie de Londres, au cours de laquelle les chercheurs ont analysé et enregistré la présence de l'enzyme MAO-A, qui régule la quantité de sérotonine dans le cerveau (une molécule jouant un rôle important dans la maîtrise de l'agressivité). Le mauvais comportement ne serait, selon les chercheurs, qu'un reflet de la forme peu active de la MAO-A.

    Sur ce sujet, nous savons que la génétique, de par ses principes, fut des plus importantes pour clarifier l'apparition des mécanismes d’apparition et de développement des espèces, mais ces faits n’étaient pas aussi clairs dans l’ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin datant de 1859, développée ultérieurement par la théorie darwinienne que la génétique a dynamisée, ce qui donna lieu à diverses spéculations autour de la nature de l'homme. C’est ainsi qu’est née l'idée que les gènes seraient responsables non seulement des caractères morphologiques d'un être vivant, mais aussi de tout son bagage comportemental.

    Il faut souligner immédiatement qu'il existe des différences fondamentales entre la genèse organique et la genèse spirituelle. La première a un sens purement matériel, car elle a trait exclusivement au point de vue corporel. La seconde est une vérité axiomatique: s'il n'y a pas d'effet sans cause, il n'y a pas d'effet intelligent sans cause intelligente. On ne peut pas attribuer la pensée à la matière, mais en conclure qu'elle fonctionne par une commande intelligente et qu'elle s’en sert pour se manifester et évoluer.

    Il est tout à fait vrai que c'est l'Esprit lui-même qui modélise son enveloppe, qui le façonne en fonction de son intelligence et de ses besoins, mais de là à dire que les gènes seraient responsables de tout le bagage comportemental, c’est excessif, car il faut distinguer entre l’habitation et l’habitant.

    Appliquée à l'homme, cette forme radicale d'interprétation biogénétique a acquis une forte influence, sous la forme du "darwinisme social". Au sens strict, le but de la démonstration est de montrer l’existence d’une loi de perpétuation d’un certain gène qui délimiterait une certaine caractéristique, qu’elle soit morphologique ou comportementale, mais surtout comportementale, lorsqu'elle représente des avantages manifestement souhaitables pour toute espèce. La perpétuation du gène favoriserait directement la permanence de l'espèce elle-même.

    Selon ce principe qui s’intègre aux caractères morphologiques, il serait possible de modifier le comportement des individus, grâce à une manipulation génétique. Cette thèse admet que les gènes contiennent tout le code qui décrit l'individu, même dans sa psychologie la plus intime, à savoir comment il agit face à certaines événements, ses tendances innées, son intelligence, son affectivité, ses relations sociales. Et il est évident que ce principe est en complet désaccord avec les préceptes de la Doctrine spirite.

    Sommes-nous simplement dépositaires des gènes qui porteraient éternellement nos sentiments et nos manières d'être ? Cette question est illustrée par la doctrine de l'eugénisme. Selon elle, il serait possible pour l'Etat de générer une élite génétique par le strict contrôle de la reproduction humaine, en favorisant la perpétuation d'individus ayant des caractéristiques comportementales souhaitables et en proscrivant les indésirables. L’historiographie montre que certains États totalitaires du siècle dernier ont pris l’eugénisme pour programme de développement social, qui eut des conséquences tragiques.

    Notre objectif, ici, est d'attirer l'attention sur les principes fondamentaux qui différencient la position spirite des spéculations provenant principalement de la génétique. La principale pierre d’achoppement vis-à-vis de ces propositions récentes est la conception du libre arbitre (1). Certaines des thèses examinées ci-dessus, en particulier l’étude publiée dans le « New Scientist », ne sont que l’impasse du darwinisme social appliquée à la nature humaine, car elles limitent fortement l'une des propriétés les plus mystérieuses de l'homme : le libre arbitre. Nonobstant les nombreuses interprétations philosophiques du libre arbitre, la théologie prétend que la doctrine de l'omniscience divine y serait opposé (car si Dieu sait exactement ce qui se passera, y compris chaque choix fait par une personne, le statut du libre choix est en cause). De nombreux chrétiens non calvinistes tentent de concilier les deux concepts opposés de prédestination et de libre arbitre. Si les connaisseurs des dogmes du Vatican acceptent l'idée universelle du libre arbitre, ils ne considèrent généralement pas que le libre arbitre existe séparément ou qu’il soit en contradiction avec la grâce divine.

    Saint Augustin et Saint Thomas d'Aquin ont beaucoup écrit sur le libre arbitre. Augustin se concentre sur le libre arbitre dans ses réponses aux manichéens, et sur les limites du concept de libre arbitre qui dénierait la grâce divine. Strictement parlant, l'accent mis par l'Église sur le libre arbitre et la grâce divine contraste souvent avec la prédestination du christianisme protestant, surtout à la suite de la Contre-réforme.

    Pour le spiritisme, le libre arbitre désigne la liberté morale de l'homme, faculté qu'il a de guider l'accomplissement de ses actes par sa volonté. Les Esprits enseignent que l'altération des facultés mentales, pour une cause accidentelle ou naturelle, est le seul cas où l'homme est privé de son libre arbitre. En dehors de cela, il est toujours le seul maître à même de faire ou de ne pas faire.

    Si nous ne méconnaissons pas l'importance de la génétique en tant que science bien établie, nous sommes en désaccord avec les interprétations absurdes, nées d’extrapolations ayant une base profondément matérialiste. La génétique a été responsable d'un large éventail de contributions pratiques dans les divers domaines de la science, et a permis de guérir de nombreuses maladies ainsi que la production de substances qui améliorent considérablement le développement physiologique de nombreux êtres vivants.


    Nous ne méconnaissons pas le fait que la science a contribué, dans la limite de son terrain d’action, à la synthèse de substances qui jouent le rôle de neurotransmetteurs, pour assurer l’équilibre et le contrôle neuro-psychophysique des patients atteints de syndromes psychopathologiques. Toutefois, s’agissant des tendances de l'individualité humaine, il est évident qu'ils ne peuvent pas inexorablement être fixés ou pré-programmés génétiquement dès le moment de notre naissance. Cela équivaudrait à dire que la décision quant au chemin que l’on suit, une fois confronté aux influences extérieures (y compris ici le processus de production de la MAO-A, qui est une enzyme qui régule, dans le cerveau, la quantité de sérotonine), appartient seulement à l'Esprit au cours de son voyage évolutif, puisque les qualités morales qui caractérisent la nature de l'être humain proviennent implacablement de son esprit.

    Kardec posa la question suivante aux esprits : « Pourquoi certains Esprits ont-ils suivi la route du bien, et d'autres celle du mal ? N'ont-ils pas leur libre arbitre ? ». Les Bienfaiteurs répondirent alors : « Dieu n'a point créé d'Esprits mauvais ; il les a créés simples et ignorants, c'est-à-dire ayant autant d'aptitude pour le bien que pour le mal; ceux qui sont mauvais le deviennent par leur volonté » (2).

    Sans libre arbitre, les esprits ne seraient rien de plus que de simples androïdes, qui auraient été précédemment programmés. L'illustre Maître de Lyon interrogea les Grands Messagers : « Comment les Esprits, à leur origine, alors qu'ils n'ont pas encore la conscience d'eux-mêmes, peuvent-ils avoir la liberté du choix entre le bien et le mal ? Y a-t-il en eux un principe, une tendance quelconque, qui les porte plutôt dans une voie que dans une autre ? ». Leur réponse fut simple : « Le libre arbitre se développe à mesure que l'Esprit acquiert la conscience de lui-même. Il n'y aurait plus liberté si le choix était sollicité par une cause indépendante de la volonté de l'Esprit. La cause n'est pas en lui, elle est hors de lui, dans les influences auxquelles il cède en vertu de sa libre volonté. C'est la grande figure de la chute de l'homme et du péché originel : les uns ont cédé à la tentation, les autres ont résisté » (3).

    C’est pour cette raison même qu’il n’est pas possible de déterminer génétiquement les prédispositions instinctives. La Doctrine spirite affirme ouvertement que les prédispositions instinctives, le bagage ou l'héritage spirituel créé et porté par soi-même à travers les siècles, font partie intégrante du patrimoine de l'Esprit. Cette conclusion, magistralement incorporée au contenu des principes de la Troisième Révélation, est la seule qui soit capable d'expliquer l'être humain, ou au moins lui apporter le sentiment consolant que nous ne sommes pas le jouet du hasard biogénétique.

    Jorge HESSEN

    Le 14 juin 2009


    Source : A luz na mente, revista online
    Traduction : J.E.
    Bibliographie :

    1)    Capacité de l'être à décider entre deux alternatives ou entre un ensemble d'options par une introspection interne. Le libre arbitre est logiquement lié à la raison d'être de la personnalité humaine, de sorte que la créature humaine agit selon ses inclinations personnelles et prend sa décision en fonction de ses intérêts et de ses inclinations lorsque le libre arbitre joue un rôle prépondérant.
    2)    Allan Kardec, Livre des esprits, question 121
    Allan Kardec, Livre des esprits, question 122