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  • sábado, 19 de junho de 2010

    Amour, jalousie et passion : de quelques considérations chrétiennes





    Traduction: Jean Emmanuel Nunes

    Paris / France


    Pourquoi les hommes et les femmes sont-ils capables de transformer l'amour, le plus sublime des sentiments, en moteur d'un crime ? Peut-on croire qu'une personne puisse tuer par amour ? Le crime passionnel est-il un type de réaction violente à la fin de l'amour ? Toute personne éprise peut avoir une réaction passionnelle, car la passion est un sentiment intrinsèque à l'être humain. Néanmoins, cela peut être parfaitement contrôlé. Lors d'un acte de violence passionnelle, on perd la raison, et par voie de conséquence, le contrôle de soi-même. Indubitablement, la passion rend agressif et dangereux. C'est l'éruption du côté primitif de l'être ; et beaucoup peuvent s'y laisser aller lorsqu'ils ne sont pas vigilants quant à leurs sentiments. Toutefois, une chose est certaine : la sensation de possession est la cause de la majorité des tragédies passionnelles.

    Pour les spirites, le crime passionnel peut être défini comme étant un processus d'obsession ou de possession animique, c'est-à-dire que le criminel est subjugué par une entité désincarnée ou par sa personnalité archaïque, en raison de la faillite de sa personnalité audit moment et aux sensations inférieures en délire. Les crimes d'amour n'ont rien à voir avec l'amour. À la rigueur, ce sont les conséquences des dérèglements sensoriels accompagnés de la perte de l'équilibre émotionnel et de perturbations spirituelles. Les obsessions sont liées à l'anxiété générée en réponse à une situation particulièrement stressante, accablante et douloureuse. La frustration amoureuse et le sentiment de perte qui en est la conséquence, ainsi que la dévalorisation de soi, entraînent des perturbations obsessives et un dérèglement de l'amour obsessif attaché à une jalousie pathologique. Le besoin obsessif crée des mécanismes et des stratégies pour séduire l'autre, occasionnant une attraction fatale recherchant la possession de manière à inclure l'autre dans sa propre vie, en tentant d'avoir un maximum de contrôle, car l'absence de l'autre provoque une intense douleur. Des manifestations de jalousies pathologiques peuvent survenir là où les connexions entre l'illusion et la réalité se perdent, facilitant des épisodes psychotiques où l'action devient réelle. La personne ayant une propension à l'amour obsessif a des difficultés à avoir des relations saines, s'attachant à des comportements compliqués, emplis de disputes, de méfiance et de jalousie, ayant souvent des dénouements tendus et violents. Le déséquilibre obsessif compulsif est un trouble affaiblissant et destructeur. Cependant, il peut être minimisé grâce à la thérapie médicamenteuse, à la psychothérapie cognitive et comportementale, et aux procédés spirites de désobsession.

    La jalousie (1) vorace est la source de nombreuses douleurs morales. En vérité, ce sentiment égoïste est présent dans nos vies tout autant que la douleur, en d'autres termes, presque tout être humain peut la ressentir. Chaque fois qu'une douleur perce notre être, c'est qu'il y a quelque chose d'erroné en nous, et il en va de même pour la jalousie : il y a quelque chose d'erroné en nous-mêmes, dans l'autre ou dans la relation. L'expression « péché d'amour » est aussi absurde que l'expression « tuer par amour ». Tant que nous ne serons pas capables de discerner des opposés et que nous continuerons à les confondre, alors nous ne serons pas en condition de redéfinir notre conception du véritable sens de l'amour.

    Et oui ! Il y a des gens qui affirment que « tuer par amour n'est pas un crime ». Certains croient que le sentiment est le principe de l'être humain, et que lorsque cette émotion est trahie, avilie, il accomplit ces actes que l'on nomme criminels. Et cette thèse confuse explique que « l'amour est la plus grande faiblesse de l'être humain », ajoutant qu'aussi bien la personne honnête, ou travailleuse, ou religieuse, peu importe, peut commettre ce crime unique : l'amour. On ne peut pas objectivement partager une telle position car nul ne tue par amour, mais par haine. Les études montrent que le crime passionnel n'est pas lié à la race, à la religion, au milieu ou à la classe sociale de celui qui le commet mais, dans la majorité des cas il est du sexe masculin. On affirme que l'impulsivité de l'homme le poussant à tuer est culturelle, dans la mesure où, depuis 5000 ans, dans le système patriarcal, le mari avait le droit de battre sa femme, de la punir, de la tuer, et cela n'avait rien d'extraordinaire.

    La personne qui aime n'agresse ni ne blesse l'être aimé, qui pour elle est l'objet de sa vénération. La jalousie ne procède pas de l'amour mais de l'attachement animal au plan sensoriel. C'est l'animal qui attaque et blesse par jalousie, et pas l'homme, car en lui l'amour se manifeste par de la tendresse, de l'adoration et par la prise de conscience de la valeur de l'être aimé. Les créatures ayant une sensibilité humaine ne se laissent pas emportées par les passions qui appartiennent au plan des instincts.

    Luis de Camoes expliquait que « l'amour est une flamme qui flambe sans se voir » (2). Selon Aurelio Buarque, « l'amour peut être un sentiment qui prédispose quelqu'un à désirer le bien d'autrui, ou de quelque chose. Ce peut être un sentiment tendre ou ardent d'une personne pour une autre, et englobe également l'attraction physique, ou encore une inclination ou un profond attachement à une quelconque valeur ou une quelconque chose qui donne du plaisir. C'est l'enthousiasme, la passion ». On peut considérer l'amour comme une forme d'énergie cosmique qui n'est ni connue ni l'objet de recherches de la science. Et l'amour du prochain ? Lui, c'est un sentiment de dévouement absolu d'un être envers un autre être, ou une chose. C'est une dévotion extrême. Tout ce que l'on peut idéaliser à propos de l'amour peut se consubstancier en parcelle de ce sentiment, mais il est bien plus grand et renferme bien plus, car le bon vouloir, toute la bonté, la tolérance, la joie, la proximité, ne pourront être un fragment de l'amour que lorsqu'ils y seront attachés par la nécessité impérieuse de remplacement de l'égoïsme, ce qui exige conditions et règles.

    Préoccupés par l'amour humain, les psychologues et les philosophes ne se sont presque exclusivement intéressés, jusqu'à aujourd'hui, qu'à cette forme lyrique et dramatique de l'amour entre deux créatures. Liée aux origines de la théorie freudienne, la psychanalyse a classé la question de l'amour dans le domaine du pathologique. En vérité, Freud a dû pénétrer l'étude et la recherche de l'amour à travers le sous-sol de la psychopathologie. L'aspect pathologique de l'amour est le plus dramatique, et c'est ce qui touche le plus l'intérêt humain. « L'amour est la force la plus abstraite et aussi la plus puissante que le monde possède » (Mahatma Gandhi).

    Les concepts spirites nous apprennent qu’au début de sa marche évolutive, les instincts prédominent en l'homme. À mesure qu'il avance dans l'échelle de l'évolution, les sensations apparaissent. Au fil des millénaires, les sentiments surgissent, point fondamental pour l'éclosion de l'amour. Ceci étant, il nous faut analyser les sentiments qui sont issus des tendances choisies de ceux issus des affinités familiales. Dans la première situation, ils sont l'expression complexe du désir, de la sensualité ; dans l'autre, la fraternité et l'enchantement conjugal pénètrent dans les entrailles de l'être en une symbiose magique, chimique, électromagnétique.

    De la question 938.A du Livre des esprits, on apprend la chose suivante : « la nature a donné à l'homme le besoin d'aimer et d'être aimé. Une des plus grandes jouissances qui lui soit accordée sur la terre, c'est de rencontrer des coeurs qui sympathise avec les siens » (3). L'amour doit être l'objectif premier durant le cheminement humain pour acquérir la paix à son plus haut niveau. Mais, souvent, notre sentiment n'est que désir, et en ne faisant que désirer, on peut instinctivement défigurer les projets de vie les plus prometteurs.

    Aujourd'hui, on parle et écrit beaucoup à propos de sexe et peu à propos d'amour. Certainement parce que ce sentiment ne se laisse pas déchiffrer, repoussant toute tentative de définition. C'est pour cela que la poésie, domaine mythique par excellence, trouve dans la métaphore la meilleure traduction de la passion, comme si celle-ci était l'amour. Le développement des grands centres urbains a créé le syndrome de la foule solitaire. Les personnes sont côte à côte, mais leurs relations ne sont que contiguës.

    La passion est exclusive, égoïste, dominatrice et fait prédominer le désir. Pour certains penseurs, ce sentiment est une tentative de capturer la conscience de l'autre, développant une forme possessive où la jalousie et le désir de domination intégrale de la personne « aimée » surgissent. Le véritable amour est une invitation à sortir de soi-même. Si la personne est très centrée en elle-même, elle ne sera pas capable d'entendre l'appel de l'autre. Cela suppose de se préoccuper de la façon dont l'autre personne grandit et se développe comme elle est, et non comme on peut vouloir qu'elle soit. L'amour représente la liberté, et non le sentiment psychotique de possession. C'est la loi d'attraction et celle de toutes les harmonies connues, en étant une force inépuisable qui se renouvelle sans cesse et qui enrichit en même temps celui qui offre et celui qui reçoit.

    Jorge HESSEN,
    le 23 septembre 2009.
    e-mail : jorgehessen@gmail.com
    site : http://jorgehessen.net


    Bibliographie :
    1) Sentiment douloureux que les exigences d'un amour inquiet, le désir de posséder la personne aimée, la suspicion ou la certitude de son infidélité, font naître en quelqu'un. Peur de perdre quelque chose, attention, zèle (dans cette acception, le terme est plutôt employé au pluriel).
    2) Luis de Camoes, Rimas, p. 135
    3) Allan Kardec, Livre des esprits, q. 938