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  • sábado, 19 de junho de 2010

    La médiunite et le désordre dissociatif d`identité





    Traduction: Jean Emmanuel Nunes

    Paris / France




    Kim Noble, une artiste plastique anglaise, qui porte en elle 20 personnalités différentes dans son " cerveau ", démontre pourquoi le désordre dissociatif d'identité (D.D.I.) surprend et fascine médecins et psychologues depuis de nombreuses années. Pour les chercheurs, le trouble des multiples personnalités (D.M.P.) (1) est un mécanisme de défense au moyen duquel une personne crée des personnalités alternatives pour affronter des situations qui, à l'origine, n'auraient pas été supportées. Il existe des études relatives à des personnes qui ont deux, et jusqu'à des centaines de personnalités différentes (2). Kim a été internée à plusieurs reprises dans des hôpitaux psychiatriques, expérimentant divers médicaments et, plusieurs fois, fut diagnostiquée comme étant schizophrène (3), raison pour laquelle elle a eu des antipsychotiques pour traitement. Il y a quatre ans, une assistante sociale a suggéré à Kim de commencer à peindre. Ce fut comme si une écluse s'était ouverte dans son cerveau.

    Elle a commencé à connaître ses 20 alter ego (4) par le style artistique de chacun. Noble souffre de " trous " de mémoire, pendant trois ou quatre heures, tous les jours, et une autre personne assume le commandement de son corps. Après une transe (" trou "), Kim voit une nouvelle peinture ou les modifications d'un tableau qu'elle avait déjà commencé à peindre, la rendant capable de dire qui était là. Lorsqu'on l'interroge sur Bonnie, une de ses alter ego, elle répond qu'elle lui manque parce que cela fait longtemps qu'elle " n'apparaît " pas. Mais parfois, un des alter ego cause de la gène. " À l'intérieur de Kim ", il y a Judy, une typique adolescente rebelle de 15 ans. Au-delà des peintures, Kim parvient à transmettre des messages au moyen d'écrits et de commissions verbales.

    Le trouble dissociatif d'identité est une condition mentale où un individu unique présente des caractéristiques de deux ou plus de personnalités ou d'identités distinctes, chacune ayant sa manière de percevoir et d'interagir sur le milieu. Le trouble est un champ de recherches plein de controverses incitant à la compréhension du fonctionnement complexe de la pensée humaine. Le phénomène est encore mal compris par la science. Des spécialistes affirment que le trouble est généralement provoqué par un traumatisme récurrent survenu durant l'enfance, principalement l'abus sexuel. Il est curieux que plusieurs spécialistes croient que le D.D.I. n'existe pas dans la mesure où, la littérature médicale sur le sujet est peu fiable. Il y a des médecins et des psychologues qui croient que le trouble n'est pas légitime, ce ne serait qu'une simulation de quelqu'un ayant une très bonne mémoire. D'autres croient que le D.D.I. est en vérité un état semblable à celui de l'hypnotisé, par lequel les personnes se comportent de la manière dont on pense qu'elles devraient se comporter.

    Des spécialistes analysent le trouble des multiples personnalités du point de vue biologique. Pour ces professionnels, le stress traumatique affecte la chimie du cerveau. Bien qu'il soit classé comme " trouble mental ", cette condition est sans relation avec la schizophrénie, à l'inverse de ce que pense la majorité des personnes. La grande majorité des chercheurs n'explique pas l'épilepsie, les désordres génétiques et les déséquilibres neurochimiques. D'autres font appel à l'idée d'une possession démoniaque (dans un passé pas si éloigné, une telle justification aurait été parfaitement raisonnable). À l'époque, les théologiens élaboraient des " rituels sociaux ", présentant des bases qui semblaient valider la suggestion de la possession démoniaque. Dans un contexte socio-cognitif, de telles croyances étaient considérées comme " correctes " et renforcées par la tradition.

    La question est encore plus importante au Brésil où il y a plusieurs écoles religieuses qui mettent en avant les transes : les spirites, les afro-brésiliens, les évangéliques pentecôtistes et les catholiques charismatiques. Au-delà de la valeur cognitive à étudier et à mieux comprendre cette millénaire vie commune dissociative, il convient de relever les implications cliniques. Il est indispensable que soit réalisé un diagnostic différentiel adéquate de ces vies communes considérées médiumniques, cherchant à distinguer s'il s'agit d'une vie commune religieuse non pathologique des situations où il y a des manifestations psychopathologiques dissociatives ou psychotiques. Le Brésil du début du siècle a assisté à d'innombrables interprétations de la médiumnité, également liées à la dissociation, mais en sortant de telles expériences des aspects culturels de leur contexte. La médiumnité a été décrite, presque invariablement, comme un signe de psychopathologie. Les analyses faites de la médiumnité, très rares, ont été réalisées par des chercheurs ayant une formation psychologique.

    Il y a une tendance, ancienne et actuelle, à interpréter le phénomène de la médiumnité comme étant un état dissociatif. Dans le contexte de la médiumnité, ont été discutées les différences conceptuelles entre " transe ", " possession " et "transe de possession", soutenant que la " possession " n'incluait pas de " transe " ou une autre modification de la conscience, mais une maladie prétendument causée par l'intromission d'esprits malveillants dans la pensée et dans le corps de quelqu'un. Dans la " transe de possession ", il y aurait une modification de la conscience induite par des esprits, durant laquelle le comportement et la parole des entités possesseuses pourraient être observées. Certaines fois, les entités seraient bienveillantes (comme dans le cas des médiums qui " incorporent " leurs " esprits guides ") et, d'autres fois, inopportunes (comme dans le cas d'esprits malveillants ou d'entités nocives qui parlent et agissent à travers le corps des médiums). Le chercheur Bourguignon employa le terme " transe " pour se référer aux états altérés de conscience induits qui n'ont pas de relation avec les idées culturelles de la possession (5).

    Faisons certaines analyses du point de vue psychologique du phénomène "médiumnité" qui, complètes ou non, sont d'importantes contributions auxquelles il faut faire référence. La recherche scientifique des médiums et de la médiumnité a commencé à être organisée en 1882, avec la fondation de la Society for psychical research à Londres. Parmi les membres de la société figuraient des personnalités qui allaient être connues pour être les fondatrices de la psychologie moderne, telles que Sigmund Freud, Carl Gustav Jung et William James. Les recherches réalisées par les membres de la société furent moins liées aux analyses psychologiques des médiums qu'à la tentative de constatation des supposés faits médiumniques, tels que la capacité de provoquer des modifications physiques dans l'environnement (déplacement d'objets) et la capacité de communiquer avec les esprits des personnes décédées.

    Bien qu'accusés de provoquer ces effets au moyen d'une fraude, les médiums ont aussi mérité des analyses moins discréditantes. Sur ce point, la majorité des membres de la société aurait été en accord avec William James : " ce dont je veux immédiatement attester, c'est la présence, au milieu de tous les ingrédients de la farce, d'une connaissance véritablement supra-normale. J'entends une telle connaissance comme étant celle dont l'origine ne peut pas être attribuée aux sources ordinaires de l'information, c'est-à-dire aux sens du sujet " (6).

    Il faut évoquer ici Théodore Flournoy, professeur de psychologie à l'université de Genève, qui a réalisé les premières analyses psychologiques des médiums. Flournoy s'est par exemple préoccupé de faire des recherches à propos de l'influence des conditions physiologiques et mentales sur la médiumnité et, inversement, l'influence de la médiumnité sur la santé organique et mentale des médiums, sur les circonstances (soit spontanément, soit durant une séance spirite...) au cours desquelles les médiums ont découvert leur médiumnité, sur l'importance de la médiumnité pour la vie mentale, religieuse et morale des médiums, sur les origines familiales de la médiumnité (7).

    Malgré le grand impact exercé sur l'humanité, elle a été pratiquement ignorée par les chercheurs du domaine de la santé mentale. On trouve toutefois Pierre Janet, qui a eu une formation de psychologie et de psychiatrie, bien que peu connu actuellement, mais amplement reconnu pour être le fondateur des visions modernes relatives à la dissociation. L'étude de la médiumnité et du spiritisme occupe un espace non négligeable de sa recherche destinée à l'étude des "désagrégations psychologiques", car il a cherché à les scruter à partir des sujets qui les présentaient à leur plus haut degré (médiums). Bien que considérant le spiritisme comme étant "une des plus curieuses superstitions de notre époque", il s'est affirmé être le précurseur de la psychologie expérimentale, tout comme l'astronomie et la chimie ont commencées au travers de l'astrologie et de l'alchimie.

    Des chercheurs, ont citera aussi William James qui, aux côtés de Freud, Piaget, Pavlov et Skinner, fut considéré comme l'un des cinq psychologues les plus importants de tous les temps. L'investigation de la médiumnité a spécialement intéressé James qui a réalisé, durant plus de deux décennies, des recherches avec l'une des médiums les plus renommées du XIXe siècle, Leonore Piper. Il considérait la possession médiumnique comme une forme naturelle et spéciale de personnalité alternative des personnes, le plus souvent sans le moindre signe patent de problèmes mentaux.

    Il nous faut aussi nous référer à Carl Gustave Jung, dont l'intérêt pour la médiumnité s'est manifesté dès sa thèse, publiée en 1902, pour l'obtention du titre de médecin : " Sur la psychologie et la pathologie des phénomènes dits occultes ". Il affirmait : " c'est avec une absolue clarté qu'en tout mouvement spirite il y avait une contrainte inconsciente pour faire que l'inconscient parvienne à la conscience ". Il indique deux raisons pour lesquelles " les contenus inconscients se manifestent sous la forme de personnifications (esprits) " : parce que cela a toujours été la forme traditionnelle de la compensation inconsciente, et parce qu'il est difficile de prouver, avec certitude, qui il ne s'agit pas réellement d'esprits. D'un autre côté, il dit également être très difficile, si ce n'est impossible, d'apporter la preuve qu'il s'agit réellement d'esprits.

    Ainsi, pour James et Jung, la médiumnité n'est pas nécessairement pathologique. Elle trouverai son origine dans l'inconscient du médium, mais n'a pas été exclue la possibilité d'une origine paranormale, y compris la communication réelle d'un esprit désincarné, les deux indiquant la nécessité de biens meilleures études. De ces notes, ce qu'il faut relever c'est le fait que la médiumnité a été l'objet d'intenses recherches qui n'ont pas conduit à une théorie unique, et ce même si les recherches ont dû être interrompues. Dans un sens "kuhnien", le moment n'était pas encore venu d'un paradigme mature et accepté, de manière consensuelle, par le milieu scientifique. Un autre aspect important est celui des déclarations des chercheurs discutés qui mettent en avant l'importance d'une investigation et d'une meilleure compréhension des vies communes, considérées comme médiumniques, pour l'exploration de la pensée humaine.

    La médiumnité n'est pas la cause primaire des déséquilibres organiques et psychologiques. Elle joue un rôle essentiel dans l'établissement de la base expérimentale de la science spirite et les activités des centres spirites. N'importe quelle personne apte à recevoir ou à transmettre les communications des esprits est, pour cela même, médium, quel que soit le mode employé et le degré de développement de la faculté, de la simple influence occulte à la production des phénomènes les plus insolites. On a vu des personnes totalement incrédules être étonnées d'écrire médiumniquement contre leur gré, pendant que des croyants sincères n'y parvenaient pas, démontrant que cette faculté est liée à une disposition organique. La médiumnité est une faculté spéciale que certaines personnes possèdent pour servir d'intermédiaires entre les esprits et les hommes. Elle a une origine organique et est indépendante de la condition morale du médium, de ses croyances, et/ou de son développement intellectuel. Lorsqu'existe le principe, le germe de la faculté, il se manifeste toujours par des signes sans équivoque.

    Jorge Hessen
    E-Mail: jorgehessen@gmail.com
    Site: http://jorgehessen.net


    Bibliographie:
    1) les nord-américains dénomment actuellement le trouble de multiples personnalités de "Dissociative identity disorder " (désordre dissociatif d'identité)
    2) Spanos, N.J., " multiple identityenactments and personnalitydisorder : a sociocognitive perspective ", Psychological bulletin,116,143-165, 1994
    3) le terme schizophrénie a pour racine les mots " pensée divisée ", mais se réfère plutôt à une fracture dans le fonctionnement normal du cerveau qu'à la personnalité
    4) terme utilisé par les spécialistes pour définir diverses personnalités
    5) E. Bourguignon, (1989) " multiple personnality, possession trance, and psychic unity of mankind ", Ethos,17, 371-384
    6) W. Zangari, " Estudos psicologicos da mediunidade : uma breve revisão ", 3° séminaire de psychologie et de sens religieux, 1999, São Paulo
    7) Théodore Flournoy, " spiritism and psychology ", New York : Harper & brother publishers (1911), p. 33