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  • sábado, 19 de junho de 2010

    Magie noire, possession et folie



    Traduction: Jean Emmanuel Nunes

    Paris / France





    Récemment, à São Paulo, un jeune homme de 19 ans a été tué par sa propre mère, vraisemblablement dans le cadre d'un rituel de magie noire. Elle faisait une crise psychotique lorsqu'elle a été arrêtée (folie ? possession ?). Elle parlait de démons et de sujets sataniques, six policiers ayant été nécessaires pour parvenir à maîtriser cette femme qui appartenait aux communautés religieuses non conventionnelles d'Internet qui adoptent le sacrifice humain. Selon l'enquête policière, elle aurait affirmé que son fils devait mourir pour un " bien meilleur " (! ?...). Dans les Actes des apôtres, on peut lire ceci : " Et, leur sautant dessus, l'homme qu'habitait l'esprit mauvais pris l'avantage sur eux tous avec une telle violence qu'ils s'échappèrent de la maison à moitié nus et couverts de plaies " (1).

    Compte tenu du tragique épisode, j'ai décidé de chercher un site divulguant ces pratiques de magie noire. J'ai relevé qu'il y avait des avertissements menaçants du type : " ne vous lancez pas à l'aventure " ; " les dangers rôdent... " ; " vous devez être préparés, les risques sont très importants... " ; " ne faites rien sans l'aide d'un mage " (! ! ! !). Sur le site, qui n'avait pas un coloris agréable, j'ai aussi trouvé la citation suivante : " Il existe en nous des forces vives non utilisées, et beaucoup d'influences non contrôlées, qui peuvent être utilisées pour tout. Les Forces peuvent être utilisées à votre profit dès maintenant, et servir à vous conduire sur les chemins du grand succès dans les domaines affectif, professionnel et financier, par-delà la résolution des plus divers problèmes qui peuvent se présenter à nous au quotidien ; néanmoins, il nous faut appeler l'attention sur les graves conséquences si l'on ne sait pas maîtriser de telles influences qui, au-delà d'autres choses, peuvent conduire à la folie et à la perdition totale ". En lisant ces avertissements sur Internet, je me suis senti vivre les denses brumes médiévales qui affligent notre puissante ère cybernétique.

    Sur la page d'accueil menaçante, j'ai dû lire : " aujourd'hui encore, les fameuses messes noires ont lieu, les participants sont en général des personnes cultivées et ayant des études supérieures. Le satanisme a chaque fois plus d'initiés, et tout cela fait partie d'un monde qui n'est pas vu d'un bon oeil, parce que personne n'y croit !... Mais, bien grands et innombrables sont les problèmes résolus quotidiennement par la magie, à la demande des plus diverses classes sociales. Vive la magie, la sorcellerie et tout ce qui entoure l'occulte ", d'après le " magicien " coordinateur du macabre site. Or, il faut bien faire ressortir que dans les pratiques de ceux qui suivent les enseignements de Kardec, en plein accord avec les enseignements des esprits, on ne fait aucun sacrifice humain, on n'interroge pas les astres, les devins et les mages pour s'informer de quelque "révélation". On n'utilise pas d'objets, de médailles, de talismans, de formules sacramentelles, et on ne recherche pas de lieux lugubres et des horaires spécifiques pour attraire ou éloigner les esprits.

    Dans la société médiévale, effrayée par les pouvoirs spirituels occultes, la maladie mentale était considérée comme étant le résultat de la présence démoniaque, de la force maligne dans sa pleine action. Le fou était soumis à des sessions de torture physique et psychologique. Il n'y avait aucune compréhension et, un sentiment mélangé de haine et de peur entourait la relation entre les personnes en bonne santé et les malades. La méconnaissance quasi-complète a conduit à la recherche de traitements douloureux pour les malades. La trépanation, mère des lobotomies modernes, consistait en l'ouverture de trous dans les crânes des malades de 2,5 à 5 cm de diamètre, sans anesthésie ou asepsie adéquate. Les " médecins " cherchaient à éliminer la pierre de folie qu'ils pensaient exister dans les cerveaux des malades. En fait, ce qui se produisait, c'était de véritables mutilations qui épuisaient les forces des malades et qui, parfois, finissaient par priver les patients de certains mouvements.

    À partir du XIXe siècle, avec la naissance de la psychanalyse et les importantes contributions de Freud, la psychiatrie, en étant l'une des branches de la médecine, a pu faire avancer sur certains points le traitement de la folie, mais pas suffisamment. "Souvent, il s'y joint des désordres pathologiques qui ne sont que consécutifs, et contre lesquels les traitements médicaux sont impuissants, tant que subsiste la cause première" (2). En permettant de connaître cette source d'où provient une partie des misères humaines, le spiritisme indique le remède à appliquer : agir sur l'auteur du mal qui, étant un être intelligent (esprit), doit être traité au moyen de l'intelligence.

    La psychiatrie reste ficelée par les limites du cerveau, par les barrières du corps matériel, source qui, nous le savons, n'est pas l'origine principale de la maladie, mais plutôt la manifestation de quelque chose qui lui est extérieur. Voyons maintenant en quoi le spiritisme contribue à la compréhension de ce sujet. Allan Kardec et les esprits de la codification nous ont présenté un élément primordial à la compréhension de l'être humain dans son essence : l'esprit. L'être immortel est celui qui a vécu et qui vivra d'innombrables existences au travers des réincarnations. La folie (ou maladie mentale, si l'on préfère) doit également être comprise sous ce prisme, en tant que reflet des erreurs assumées dans le passé. Comme cela se manifeste sous une forme négative, apportant de la souffrance tant au malade qu'à la famille, il faut en conclure qu'il s'agit du reflet d'une faute antérieure.

    Un autre aspect que l'on doit prendre en compte est celui de la folie entraînée par un processus obsessif ou possessif, qui, lui aussi, a un acte antérieur pour cause. Un passé de disputes et de relations non résolues enveloppe la victime et le bourreau, en rôles inversés désormais. L'obsesseur ou " possesseur " croit que sa mauvaise influence, en tant que vengeance envers l'offenseur incarné, le délivrera de la douleur qu'il porte, influence qui peut y compris conduire l'obsédé ou le possédé à un diagnostic erroné de déficience mentale.

    Nous ne croyons pas au pouvoir sans bornes des forces des mauvais esprits vis-à-vis d'eux dans le cadre d'un pacte de magie noire. Il y a, néanmoins, des personnes (incarnées) perverses, aux limites de la folie, qui sympathisent avec les esprits inférieurs (ignorants) et qui leur demandent de faire le mal, qui sont alors obligé de les servir parce qu'eux aussi veulent une " récompense " pour l'effort d'avoir fait le mal. Ce n'est qu'en cela que consiste le pacte. C'est tel que l'explique les bienfaiteurs : " par exemple : tu veux tourmenter ton voisin, et tu ne sais comment t'y prendre ; alors, tu appelles à toi des esprits inférieurs qui, comme toi, ne veulent que le mal, et pour t'aider veulent que tu les serves dans leurs mauvais desseins ; mais il ne s'ensuit pas que ton voisin ne puisse se débarrasser d'eux par une conjuration contraire et par sa volonté " (3).

    Du point de vue objectif, la possession peut également être le fait d'un bon esprit. "La possession peut être le fait d'un bon esprit qui veut parler et, pour faire plus d'impression sur ses auditeurs, emprunte le corps d'un incarné, que celui-ci lui prête volontairement, comme on prête son habit. Cela se fait sans aucun trouble ni malaise, et pendant ce temps l'esprit se trouve en liberté comme dans l'état d'émancipation, et le plus souvent il se tient à côté de son remplaçant pour l'écouter" (4).

    Dans le cas tragique que nous sommes en train d'analyser, on peut inférer l'existence d'un processus de subjuguation profonde, en se souvenant de ce que la possession est toujours temporaire et intermittente, parce que l'esprit désincarné ne peut pas prendre, définitivement, la place d'un incarné, pour la simple raison que l'union moléculaire du périsprit au corps ne s'opère qu'au moment de la conception. En cas de possession momentanée du corps de l'incarné, l'esprit se sert de lui comme s'il était à lui : il parle par sa bouche, voit par ses yeux, agit par ses bras, comme il l'aurait fait s'il était vivant. Ce n'est pas comme dans le cas de la médiumnité psychophonique où l'esprit incarné s'exprime en transmettant la pensée d'un désincarné. Dans le cas de la possession, c'est bien l'esprit " possesseur " qui s'exprime et qui agit. En se servant des organes et des membres de sa malheureuse victime, il blasphème, insulte et maltraite ceux qui l'entourent. Il se livre aux excentricités et aux actes qui présentent tous les caractères de la folie furieuse, homicide y compris.

    Il faut se souvenir que l'incarné peut également, par sa volonté, lancer une charge de fluides morbides sur une personne, et si ce magnétisme inférieur réussit à s'harmoniser à la cible de cette mauvaise intention, les effets pourront être maléfiques. Un esprit désincarné peut aussi le faire, aux conséquences semblables à celles qui proviennent d'un incarné. Or, les travaux effectués (défaire), ou de "macumbas" ou de magie noire ne sont rien d'autres que la mise en mouvement d'un bas magnétisme, réalisés par des hommes et des esprits pervers.

    Pour libérer quelqu'un qui serait victime de ce mal, il n'est pas nécessaire de faire usage d'un quelconque objet matériel, ou d'un rituel, comme cela se produit chez les sorciers. Toutefois, une préparation morale et intellectuelle minimale est importante. La question de la " magie noire " n'a pas encore été étudiée de manière abondante par les chercheurs spirites, c'est-à-dire par ceux qui suivent la doctrine spirite codifiée par Kardec. Il y a des confrères qui ne croient pas à la possibilité de l'existence des conjurations, ou des travaux effectués, comme la magie noire en connaît. Cependant, une étude attentionnée du Livre des esprits et de quelques citations d'Allan Kardec dans la revue spirite montre que ces manoeuvres médiumniques, ayant pour finalité de porter préjudice à son prochain, sont parfaitement possibles. Comme je l'ai cité plus haut, à travers la question 549, Kardec demande : " y a-t-il quelque chose de vrai dans les pactes avec les mauvais esprits ? ". Dans la réponse, l'esprit de vérité démontre, de manière très claire, qu'il est possible à une créature d'évoquer des mauvais esprits pour l'aider à causer du mal à une autre personne. La réponse éclaire, en outre, que cet acte peut être réalisé dans le cadre d'une séquence de conduites connues sous le nom de conjuration. Elle va plus loin en disant que la personne atteinte par le maléfice pourra s'en délivrer par une volonté puissante ou par une conjuration contraire à celle qui fut utilisée, avec de mauvais desseins, pour lui porter préjudice. Une conjuration contraire qui, chez les sorciers, s'appelle " renverser ".

    Ce qu'un esprit incarné peut faire en envoyant son propre fluide sur une personne, un désincarné peut également le faire, dès lors qu'il dispose du même fluide. De cette manière, il peut magnétiser. Et selon que le fluide émis est bon ou mauvais, son action sera bénéfique ou maléfique (5).

    À la question 551, Kardec demande : "un homme méchant peut-il, à l'aide d'un mauvais esprit qui lui est dévoué, faire du mal à son prochain ?". La réponse est claire : "non, Dieu ne le permettrait pas" (6). Pour approfondir la question, voyons la question 557 où les esprits expliquent : "Dieu n'écoute point une malédiction injuste" (7). Cela peut signifier qu'il permet une malédiction juste, c'est-à-dire lorsque l'homme, d'une quelconque forme ou pour une quelconque raison, mérite ce mal. L'affirmation 552 du Livre des esprits nous permet de comprendre que : " certaines personnes ont un pouvoir magnétique très grand dont elles peuvent faire un mauvais usage si leur propre esprit est mauvais, et dans ce cas elles peuvent être secondées par d'autres mauvais esprits " (8). Dans une situation inverse à celle dont on use dans les centres spirites, des personnes à la mentalité malade, pleines de mauvaises pensées, dotées d'un grand pouvoir magnétique, ayant des mauvaises intentions, secondées par des mauvais esprits, peuvent projeter des charges fluidiques négatives sur ceux à qui ils veulent porter préjudice.

    Les mauvais esprits pullulent autour de la Terre du fait de l'infériorité morale de ses habitants. Leur action maléfique fait partie des fléaux auxquels l'humanité est exposée en ce monde. Le spiritisme considère la genèse du phénomène de la possession comme une faculté médiumnique mal gouvernée et traite ce type de manifestation au travers du dialogue avec l'esprit possesseur, cherchant à comprendre ses raisons pour l'éclairer et le libérer de sa propre ignorance et de sa confusion mentale. Dans les réunions de magie noire, les objets matériels et les rituels sont utilisés pour fortifier la foi dans les mauvais desseins projetés à l'encontre de ceux à qui l'on souhaite porter préjudice. L'assistance spirituelle est celle des esprits inférieurs qui s'identifient aux êtres incarnés, également aux qualités morales inférieures, désireux d'affliger et de rendre malade son prochain, ou encore de voir des intérêts d'ordre matériel se réaliser. Si les créatures visées sont dans le même niveau vibratoire, il n'y a aucun doute qu'elles seront atteintes. Il est aussi vrai que les bons esprits nous protègent de ces maléfices, mais il faut le mériter pour qu'il en soit ainsi. C'est une question d'harmonie vibratoire. Quelqu'un en doute-t-il ?

    Jorge HessenE-Mail: jorgehessen@gmail.comSite: http://jorgehessen.net


    Bibliographie:

    1) Les actes des apôtres, verset 19:16
    2) Allan Kardec, La genèse, les miracles et les prédictions selon le spiritisme, chapitre 24. 48
    3) Allan Kardec, Livre des esprits, question 549
    4) Allan Kardec, La genèse, les miracles et les prédictions selon le spiritisme, chapitre 24. 48
    5) Allan Kardec, La revue spirite, décembre 1862, janvier, février, avril et mai 1863, études sur les possédés de Morzine
    6) Allan Kardec, Livre des esprits, question 551
    7) Allan Kardec, Livre des esprits, question 557
    8) Allan Kardec, Livre des esprits, question 552