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  • sábado, 19 de junho de 2010

    Commentaires relatifs au terrorisme, au fanatisme et au fondamentalisme politique et religieux




    Traduction: Jean Emmanuel Nunes

    Paris / France




    Récemment, un journaliste brésilien a été séquestré durant cinq heures, au Liban, par des membres d'un groupe terroriste religieux. L'événement a eu lieu à Dahiye, un quartier contrôlé par le Hezbollah, " le parti de Dieu ". Le Hezbollah a également une action politique, lutte contre Israël et s'oppose au gouvernement libanais. Le gouvernement libanais a déjà admis que, contre " le parti de Dieu ", il n'y avait que peu ou rien à faire. En vérité, le phénomène du terrorisme contemporain a envahi les informations de la presse internationale. Les journaux, les revues, les sites et les émissions de télévision du monde entier passent du temps ou laissent beaucoup de place pour mettre ce sujet en spectacle dans toutes ses variations et ses implications pour les sociétés atteintes par la violence de l'acte.

    Actuellement, les discours psychopathologiques et religieux sont pointés comme étant des facteurs de compréhension de la cause du sujet. Dans la diffusion médiatique, ces éléments sont la base de la compréhension du phénomène, éliminant pratiquement les facteurs socio-politiques et économiques de leur discours. Néanmoins, la recherche de la compréhension d'un si vaste problème implique une connaissance des relations internationales, de l'histoire, de la politique, de la sociologie et de l'anthropologie, auxquelles un journaliste d'aujourd'hui peut recourir chaque fois qu'il se reporte au terrorisme contemporain.

    D'ailleurs, les médias occidentaux, parrainés par les capitaux nord-américains, renforcent encore la dichotomie entre l'Orient et Occident, engendrant des représentations monolithiques de la région, encadrant la question arabe dans un seul moule. Et faisant le guet derrière toutes ces images, la menace du Jihad se profile, la terreur de ce que les musulmans puissent s'emparer du monde (1).

    Ces médias parrainés donnent presque toujours l'impression que la forme de la religiosité armée, et éventuellement violente, connue comme " fondamentaliste ", est un phénomène purement islamique (idée imposée par Israël et par l'Oncle Sam). Toutefois, le fondamentalisme est un phénomène mondial et, dans certaines régions, voire même de certains partis politiques, il apparaît comme la réponse aux problèmes de notre modernité. Il y a du fondamentalisme dans le parti républicain américain, dans le judaïsme fondamentaliste, dans le christianisme fondamentaliste, dans le bouddhisme fondamentaliste.

    Le terme terrorisme islamique abonde au sein des articles de journaux et de revues. Réductrice, cette dénomination ne permet pas une compréhension de la complexité qui entoure le terrorisme, ses causes socio-politiques, et laisse entendre implicitement que le problème du terrorisme se trouve dans la religion, et donc en tout musulman, alors qu'il n'est en réalité qu'un moyen utilisé par un petit groupe de gens qui font une lecture extrémiste de la religion et/ou de partis politiques.

    On peut analyser ce sujet sous l'aspect large du fanatisme (2), terme qui vient du latin fanaticus, qui signifie " ce qui appartient à un temple ", fanum. Le fanatique occupe la place de l'esclave face au maître absolu, qui peut être une divinité, un leader du monde, une cause suprême ou une foi aveugle. " L'intolérance et l'incapacité de vivre en commun avec des personnes différentes est à la source de ce processus. Pendant que l'on ne parviendra pas à affronter notre peur, notre terreur et notre horreur de la différence et de l'alternative, des multiples et hétérogènes autres, en nous et hors de nous, on restera prisonnier de la logique de la terreur et de ses multiples facettes " (3).

    Le fanatisme est réalimenté par un système de croyances totalitaires et primitives, qui a pour but de plaire au leader suprême chargé de la lutte contre le " mal ". Le fanatique croit aveuglément que l'on peut exorciser les personnes et les choses supposément possédées par le " démon ", combattre les forces du " mal " ou sauver l'humanité du chaos.

    Le dictionnaire de la langue portugaise définit le fanatisme comme étant le " culte excessif de quelqu'un ou de quelque chose ; le zèle religieux excessif ; la passion politique ; l'intolérance ; le sectarisme ; l'exaltation exagérée ; les factieux ; le dévouement excessif ". En groupe, les symptômes du fanatisme sont : les prières, les privations, les pèlerinages, les jeûnes, les discours en monologue et le martyre, qui peut se terminer par le sacrifice de sa propre vie en cherchant à sauver le monde des " ténèbres " ou de ce que l'on entend être le " Mal ".

    Le fanatique se préoccupe plus fréquemment des autres que de lui-même. Il veut sauver l'âme des autres, les délivrer du péché, ouvrir leurs yeux, modifier leurs habitudes alimentaires etc..., " par le simple fait qu'ils n'ont pas une grande personnalité ou n'ont aucune personnalité " (4).

    Le fanatique peut devenir un être potentiellement explosif, surtout si le fanatisme se combine à une intelligence technologiquement préparée. Le fanatique intelligent est un danger pour la civilisation. Le terrorisme, par exemple, qui agit en ayant pour seule règle de détruire des ennemis aléatoires, est réalisé par des individus fanatiques, dont l'intelligence est seulement instrumentalisée à cette fin.

    Lorsque le terrorisme est soutenu par le fanatisme, les innocents doivent payer pour les ennemis. La destruction est l'unique langage possible. Le fanatisme semble surgir d'une structure psychotique. Le fait pour le sujet de se voir comme étant le seul à être à la bonne place, avec une certitude absolue, " d'avoir été choisi par Dieu pour une mission quelconque " (5), sont d'ores et déjà des symptômes suffisants pour que de nombreux psychiatres y diagnostiquent une démence ou une psychose. Si l'on suit le raisonnement de Sigmund Freud, on peut voir que ce que le psychotique paranoïaque vit dans sa propre peau, le paraphrénique l'expérimente dans la peau de l'autre (6), c'est-à-dire que l'on est amené à en conclure que le fanatisme est plus lié à la paraphrénie (7) qu'à la paranoïa.

    Le fanatisme est l'extrême intolérance envers ceux qui sont différents. Un évangéliste fanatique est incapable de dialogue et de respect à l'égard d'un catholique ou d'un bouddhiste, et vice versa. Un fanatique de droite ne veut pas dialoguer avec un de gauche, et inversement. Des organisations comme le Ku Klux Klan sont intolérantes envers les noirs, qu'ils soient adultes, des femmes ou des enfants. Ainsi, " les terroristes kamikazes musulmans sont aussi fanatiques que les fondamentalistes chrétiens nord-américains qui attaquent les cliniques pratiquant l'avortement, qui persécutent les homosexuels, qui prohibent l'enseignement de la théorie évolutionniste de Darwin en obligeant les professeurs à enseigner la doctrine créationniste telle qu'elle est mentionnée dans la Bible, ou encore que les protestants d'Irlande du Nord qui attaquent les enfants catholiques, ou que les Basques qui désirent être un pays indépendant à n'importe quel prix, au moyen de la terreur " (8).

    Le principe du perfectionnement de la foi et de la vie humaine est dans la nature des croyances parce que celles-ci constituent le mobile des agissements et modifient les sentiments. Oui, modifient les sentiments ! Serait-ce là une utopie ? S'en est une pour celui qui ne croit pas au progrès de l'esprit. Cela ne l'est pas pour nous spirites qui croyons à la perfectibilité infinie de l'âme. Le progrès consiste dans l'amélioration morale, dans la dépuration de l'esprit, dans l'extirpation des vices matériels et moraux. Voilà le véritable progrès, le seul qui puisse garantir le bonheur à l'être humain, pour être à l'opposé du mal.

    La certitude d'une vie future est un élément de progrès, parce qu'elle stimule l'esprit. Elle seule peut donner à l'homme le courage durant ses épreuves, parce qu'elle lui fournit la raison d'être de ses épreuves, de la persévérance à combattre le mal, parce qu'elle lui assigne un objectif. Nous savons que toutes les religions proclament l'immortalité. Pourquoi, alors, jusqu'à aujourd'hui, n'ont-elles pas fourni les résultats que l'on devait en attendre ? Nous estimons que c'est à cause de l'égoïsme, base des fanatismes les plus infâmes.

    Nous avons la conviction de ce que, derrière les nouveaux fanatismes religieux (catholiques, protestants, spiritualistes, musulmans etc...), il y a le penchant mystique du religieux qui conduit à une cristallisation de la foi, débouchant sur une fausse doctrine des vertus. La base des fanatismes est la peur : peur de la liberté, peur de la vie, peur de la culture, peur, peur, peur, enfin, peur du monde qui est considéré de façon suspecte et hostile.

    Le fanatisme religieux ne connaît pas de limites et transfert ce qui relève de l'absolu, qui devrait être l'apanage de Dieu, aux instances temporelles, politiques, religieuses, culturelles etc... Bref, tout en vient à être régulé par l'omnipotence de Dieu et par la qualité d'intermédiaire illuminé et infaillible du leader. Toutefois, la peur, tournée en absolue, en vient à régir dangereusement les vies de ceux qui se laissent séduire par le fanatisme d'un leader, qu'il soit politique ou religieux.

    La doctrine spirite nous fait comprendre qui nous sommes effectivement, qui est réellement l'être humain dans sa vocation et dans les circonstances du moment, vision qui permet à son tour la compréhension et la vie en commun dans le cadre d'une vie sociale, moralement correcte, à partir de laquelle on peut juger avec rectitude si telles ou telles attitudes et idées proposées par les groupes politiques et/ou religieux correspondent à ce dont le créateur lui-même attend de nous.

    L'intelligence suprême et la cause primaire de toutes les choses nous veut ouvert à la réalité, à la beauté des choses créées, au bonheur transcendant de la liberté humaine, et non pas accablés par la peur et, en ultime analyse, aveuglés par le fanatisme. Sans nul doute l'aveuglement suprême dénoncé par Jésus-Christ : " Si vous étiez aveugles, vous ne feriez point de péché ; mais maintenant vous dites que vous voyez, et c'est pour cela que votre péché demeure en vous " (9).

    Jorge Hessen
    E-Mail: jorgehessen@gmail.com
    Site: http://jorgehessen.net


    Bibliographie:
    1) Contrairement à ce que beaucoup pensent, Jihad ne signifie pas "guerre sainte", nom donné par les Européens aux luttes religieuses du Moyen Âge (ex : croisades). Celui qui suit la Jihad est dénommé moudjahid. L'explication quant aux deux formes de Jihad ne se trouve pas présente dans le Coran, mais dans les propos du prophète Mahomet, où la " Jihad majeure " est décrite comme étant la lutte de l'individu vis-à-vis de lui-même au travers de la domination de l'âme, et l'autre, la "Jihad mineure" est décrite comme étant un effort que les musulmans font pour apporter le message de l'islam à ceux qui ne le possèdent pas (c'est-à-dire à ceux qui ne se soumettent pas à Dieu et à la paix). Il y a des opinions divergentes quant aux formes d'action pouvant être considérées comme étant une Jihad. La Jihad ne peut être lancée que pour défendre l'islam. En accord avec le sociologue syrien et allemand, spécialiste de l'islam, lui-même musulman sunnite, Bassam Tibi, le phénomène du fondamentalisme islamique est une forme d'opportunisme politique de certains groupes qui tirent profit de la notion de Jihad et dénaturent l'islam pour en faire un facteur d'action politique à leur profit.
    2) Sentiment d'admiration aveugle et obstinée pour quelqu'un ou quelque chose ayant une empreinte politique ou religieuse.
    3) Voir www.fundamentalpsychopathology.org, documents accessibles en décembre 2008
    4) Voir www.fundamentalpsychopathology.org, documents accessibles en décembre 2008
    5) Voir www.fundamentalpsychopathology.org, documents accessibles en décembre 2008
    6) Voir www.fundamentalpsychopathology.org, documents accessibles en décembre 2008
    7) La paraphrénie est un composé érudit constitué des éléments grecs " para " (à côté de) et " phrénie " (état mental pathologique) et signifie : " ensemble de problèmes mentaux qui inclut la démence précoce et la paranoïa ".
    8) Voir www.fundamentalpsychopathology.org, documents accessibles en décembre 2008
    9) Évangile selon Saint Jean, 9:41.