Un rapport publié dans la revue scientifique « New
Scientist » affirme que le "gène" à l'origine du mauvais
comportement a été identifié. Selon les résultats de cette recherche, les
adolescents sont plus susceptibles de commettre des crimes violents s'ils
disposent d’une version moins active du "gène" contrôlant
l'agressivité. L'étude a été menée par l'Institut de Psychiatrie de Londres, au
cours de laquelle les chercheurs ont analysé et enregistré la présence de
l'enzyme MAO-A, qui régule la quantité de sérotonine dans le cerveau (une
molécule jouant un rôle important dans la maîtrise de l'agressivité). Le
mauvais comportement ne serait, selon les chercheurs, qu'un reflet de la forme
peu active de la MAO-A.
Sur ce sujet, nous savons que la génétique, de par ses
principes, fut des plus importantes pour clarifier l'apparition des mécanismes
d’apparition et de développement des espèces, mais ces faits n’étaient pas
aussi clairs dans l’ouvrage révolutionnaire de Charles Darwin datant de 1859,
développée ultérieurement par la théorie darwinienne que la génétique a
dynamisée, ce qui donna lieu à diverses spéculations autour de la nature de
l'homme. C’est ainsi qu’est née l'idée que les gènes seraient responsables non
seulement des caractères morphologiques d'un être vivant, mais aussi de tout
son bagage comportemental.
Il faut souligner immédiatement qu'il existe des différences
fondamentales entre la genèse organique et la genèse spirituelle. La première a
un sens purement matériel, car elle a trait exclusivement au point de vue
corporel. La seconde est une vérité axiomatique: s'il n'y a pas d'effet sans
cause, il n'y a pas d'effet intelligent sans cause intelligente. On ne peut pas
attribuer la pensée à la matière, mais en conclure qu'elle fonctionne par une
commande intelligente et qu'elle s’en sert pour se manifester et évoluer.
Il est tout à fait vrai que c'est l'Esprit lui-même qui
modélise son enveloppe, qui le façonne en fonction de son intelligence et de
ses besoins, mais de là à dire que les gènes seraient responsables de tout le
bagage comportemental, c’est excessif, car il faut distinguer entre
l’habitation et l’habitant.
Appliquée à l'homme, cette forme radicale d'interprétation
biogénétique a acquis une forte influence, sous la forme du "darwinisme
social". Au sens strict, le but de la démonstration est de montrer
l’existence d’une loi de perpétuation d’un certain gène qui délimiterait une
certaine caractéristique, qu’elle soit morphologique ou comportementale, mais
surtout comportementale, lorsqu'elle représente des avantages manifestement
souhaitables pour toute espèce. La perpétuation du gène favoriserait
directement la permanence de l'espèce elle-même.
Selon ce principe qui s’intègre aux caractères
morphologiques, il serait possible de modifier le comportement des individus,
grâce à une manipulation génétique. Cette thèse admet que les gènes contiennent
tout le code qui décrit l'individu, même dans sa psychologie la plus intime, à
savoir comment il agit face à certaines événements, ses tendances innées, son
intelligence, son affectivité, ses relations sociales. Et il est évident que ce
principe est en complet désaccord avec les préceptes de la Doctrine spirite.
Sommes-nous simplement dépositaires des gènes qui
porteraient éternellement nos sentiments et nos manières d'être ? Cette
question est illustrée par la doctrine de l'eugénisme. Selon elle, il serait
possible pour l'Etat de générer une élite génétique par le strict contrôle de
la reproduction humaine, en favorisant la perpétuation d'individus ayant des
caractéristiques comportementales souhaitables et en proscrivant les
indésirables. L’historiographie montre que certains États totalitaires du
siècle dernier ont pris l’eugénisme pour programme de développement social, qui
eut des conséquences tragiques.
Notre objectif, ici, est d'attirer l'attention sur les
principes fondamentaux qui différencient la position spirite des spéculations
provenant principalement de la génétique. La principale pierre d’achoppement
vis-à-vis de ces propositions récentes est la conception du libre arbitre (1).
Certaines des thèses examinées ci-dessus, en particulier l’étude publiée dans
le « New Scientist », ne sont que l’impasse du darwinisme social appliquée
à la nature humaine, car elles limitent fortement l'une des propriétés les plus
mystérieuses de l'homme : le libre arbitre. Nonobstant les nombreuses
interprétations philosophiques du libre arbitre, la théologie prétend que la
doctrine de l'omniscience divine y serait opposé (car si Dieu sait exactement
ce qui se passera, y compris chaque choix fait par une personne, le statut du
libre choix est en cause). De nombreux chrétiens non calvinistes tentent de
concilier les deux concepts opposés de prédestination et de libre arbitre. Si
les connaisseurs des dogmes du Vatican acceptent l'idée universelle du libre
arbitre, ils ne considèrent généralement pas que le libre arbitre existe
séparément ou qu’il soit en contradiction avec la grâce divine.
Saint Augustin et Saint Thomas d'Aquin ont beaucoup écrit
sur le libre arbitre. Augustin se concentre sur le libre arbitre dans ses
réponses aux manichéens, et sur les limites du concept de libre arbitre qui
dénierait la grâce divine. Strictement parlant, l'accent mis par l'Église sur
le libre arbitre et la grâce divine contraste souvent avec la prédestination du
christianisme protestant, surtout à la suite de la Contre-réforme.
Pour le spiritisme, le libre arbitre désigne la liberté
morale de l'homme, faculté qu'il a de guider l'accomplissement de ses actes par
sa volonté. Les Esprits enseignent que l'altération des facultés mentales, pour
une cause accidentelle ou naturelle, est le seul cas où l'homme est privé de
son libre arbitre. En dehors de cela, il est toujours le seul maître à même de
faire ou de ne pas faire.
Si nous ne méconnaissons pas l'importance de la génétique en
tant que science bien établie, nous sommes en désaccord avec les
interprétations absurdes, nées d’extrapolations ayant une base profondément
matérialiste. La génétique a été responsable d'un large éventail de
contributions pratiques dans les divers domaines de la science, et a permis de
guérir de nombreuses maladies ainsi que la production de substances qui
améliorent considérablement le développement physiologique de nombreux êtres
vivants.
Nous ne méconnaissons pas le fait que la
science a contribué, dans la limite de son terrain d’action, à la synthèse de
substances qui jouent le rôle de neurotransmetteurs, pour assurer l’équilibre
et le contrôle neuro-psychophysique des patients atteints de syndromes
psychopathologiques. Toutefois, s’agissant des tendances de l'individualité
humaine, il est évident qu'ils ne peuvent pas inexorablement être fixés ou
pré-programmés génétiquement dès le moment de notre naissance. Cela
équivaudrait à dire que la décision quant au chemin que l’on suit, une fois
confronté aux influences extérieures (y compris ici le processus de production
de la MAO-A, qui est une enzyme qui régule, dans le cerveau, la quantité de
sérotonine), appartient seulement à l'Esprit au cours de son voyage évolutif,
puisque les qualités morales qui caractérisent la nature de l'être humain
proviennent implacablement de son esprit.
Kardec
posa la question suivante aux esprits : « Pourquoi certains Esprits ont-ils suivi la route du bien, et d'autres
celle du mal ? N'ont-ils pas leur libre arbitre ? ». Les Bienfaiteurs
répondirent alors : « Dieu n'a point
créé d'Esprits mauvais ; il les a créés simples et ignorants, c'est-à-dire
ayant autant d'aptitude pour le bien que pour le mal; ceux qui sont mauvais le
deviennent par leur volonté » (2).
Sans libre arbitre, les esprits ne seraient rien de plus que
de simples androïdes, qui auraient été précédemment programmés. L'illustre
Maître de Lyon interrogea les Grands Messagers : « Comment
les Esprits, à leur origine, alors qu'ils n'ont pas encore la conscience
d'eux-mêmes, peuvent-ils avoir la liberté du choix entre le bien et le mal ? Y
a-t-il en eux un principe, une tendance quelconque, qui les porte plutôt dans
une voie que dans une autre ? ».
Leur réponse fut simple : « Le
libre arbitre se développe à mesure que l'Esprit acquiert la conscience de
lui-même. Il n'y aurait plus liberté si le choix était sollicité par une cause
indépendante de la volonté de l'Esprit. La cause n'est pas en lui, elle est
hors de lui, dans les influences auxquelles il cède en vertu de sa libre volonté.
C'est la grande figure de la chute de l'homme et du péché originel : les uns
ont cédé à la tentation, les autres ont résisté » (3).
C’est pour cette raison même qu’il n’est pas possible de
déterminer génétiquement les prédispositions instinctives. La Doctrine spirite
affirme ouvertement que les prédispositions instinctives, le bagage ou
l'héritage spirituel créé et porté par soi-même à travers les siècles, font
partie intégrante du patrimoine de l'Esprit. Cette conclusion, magistralement
incorporée au contenu des principes de la Troisième Révélation, est la seule
qui soit capable d'expliquer l'être humain, ou au moins lui apporter le
sentiment consolant que nous ne sommes pas le jouet du hasard biogénétique.
Jorge HESSEN
Le 14 juin 2009
Source : A luz na mente, revista online
Traduction : J.E.
Bibliographie :
1)
Capacité de l'être à décider entre
deux alternatives ou entre un ensemble d'options par une introspection interne.
Le libre arbitre est logiquement lié à la raison d'être de la personnalité
humaine, de sorte que la créature humaine agit selon ses inclinations
personnelles et prend sa décision en fonction de ses intérêts et de ses
inclinations lorsque le libre arbitre joue un rôle prépondérant.
2)
Allan Kardec, Livre des esprits,
question 121
Allan Kardec, Livre des esprits, question 122