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  • terça-feira, 2 de dezembro de 2014

    « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » Luc, 12:14


    Traduction: Jean Emmanuel Nunes

    Paris / France





    Sans qu’il soit nécessaire de préciser les différents sens des termes « héritage » (du latin haerentia) et « spoliation » (du latin spollium), je vous propose de considérer que ces mots visent l’ensemble des biens faisant partie du patrimoine laissé par un désincarné, devant être partagé, après inventaire, entre les incarnés (héritiers ou légataires). L’héritage, c’est donc le droit d’hériter (recevoir quelque chose d’une situation antérieure). En voici certains exemples classiques : « mon grand-père a laissé une ferme de Goias en héritage à mon père » ; « Santiago a dilapidé l’héritage de ses parents », « ma tante m’a laissé en héritage un appartement à Brasilia ».

    Habituellement, l’homme contemporain aspire à «recevoir un petit héritage de ses proches parents aisés », « à être bien dans sa vie », « à bien gagner sa vie », voire même à « travailler pour s’enrichir », bien qu’il ne s’agisse, bien souvent, que de mirages. Aussi, ce dessein matérialiste des temps actuels est le résultat de «l’ignorance des valeurs spirituelles sur la Terre, où l’on peut vérifier l’inversion de presque toutes les conquêtes morales. Ce fut cet excès d’inquiétude, s’agrégeant à un égoïsme effréné, qui provoqua la crise morale que le monde connaît, au travers de sinistres spectacles que l’homme physique peut reconnaître, depuis la radio jusqu’aux croisières transatlantiques, démontrant que l’on a bien plus besoin de vérité que d’argent, de bien plus de lumière que de pain» (1).

    En outre, certaines personnes très riches expérimentent un désintéressement matériel significatif. Ainsi, Warren Buffet, quatrième homme le plus riche du monde, a promis de donner 99% de sa fortune avant de désincarner. Et il commença en annonçant qu’il en offrait 83% à la fondation Gates. Le milliardaire affirma qu’il voulait donner à ses enfants suffisamment pour qu’ils puissent sentir qu’ils pouvaient tout faire mais, sans excès, pour qu’ils ne considèrent pas n’avoir rien à faire. Le puissant Bill Gates, l’homme le plus riche du monde, Michael Bloomberg, Nigella Lawson et le chanteur britannique Sting ne laisseront pas leur fortune en héritage à leurs enfants. Tous défendent la thèse selon laquelle leurs enfants doivent travailler pour gagner leur propre argent (2).

    La question est intéressante. Les héritiers qui ne s’y attendait pas doivent réfléchir au fait « qu’il est des biens infiniment plus précieux que ceux de la terre, et cette pensée aidera à vous détacher de ces derniers. Le peu de prix qu’on attache à une chose fait qu’on est moins sensible à sa perte. L’homme qui s’attache aux biens de la terre est comme l’enfant qui ne voit que le moment présent ; celui qui n’y tient pas est comme l’adulte qui voit des choses plus importantes, car il comprend ces paroles prophétiques du Sauveur : Mon royaume n’est pas de ce monde » (3).

    S’agissant de la question de la spoliation, l’esprit Humberto de Campos expose, dans « Cartas e crônicas » (=  lettres et chroniques), ceci : « Dans vos familles, faites attention aux testaments. Des maladies soudaines peuvent surgir inopinément et, si vos papiers ne sont pas en ordre, vous pourriez souffrir de bien des affronts, se déroulant devant les tribunaux ou chez les notaires…» (4).

    La convoitise d’un héritage est si effective et si grave que l’esprit André Luiz conseilla lui aussi que l’on procède à une appréciation prudente « des questions afférentes aux testaments, aux résolutions et aux vœux, avant la désincarnation, afin que le désincarné ne puisse pas éprouver les probables chocs issus de l’incompréhension inattendue des parents et des proches. Car le phénomène de la mort exprime une réalité presque totalement incomprise sur la Terre » (5).

    Le Codificateur posa aux Esprits la question suivante : « Le principe en vertu duquel l’homme n’est que le dépositaire de la fortune dont Dieu lui permet de jouir pendant sa vie, lui ôte-t-il le droit de la transmettre à ses descendants ? ». Les bienfaiteurs répondirent que : « L’homme peut parfaitement transmettre après sa mort ce dont il a eu la jouissance pendant sa vie, parce que l’effet de ce droit est toujours subordonné à la volonté de Dieu qui peut, quand il veut, empêcher ses descendants d’en jouir ; c’est ainsi qu’on voit s’écrouler les fortunes qui paraissent le plus solidement assises. La volonté de l’homme pour maintenir sa fortune en sa lignée est donc impuissante, ce qui ne lui ôte pas le droit de transmettre le prêt qu’il a reçu, puisque Dieu le retirera quand il le jugera à propos » (6).

    Le partage des biens est presque toujours une épreuve très difficile tant pour les incarnés que pour les désincarnés. Kardec explora aussi ce thème, repris à la question 328 du Livre des esprits, lorsqu’il interrogea les « Voies de l’au-delà » quant au fait de savoir si le désincarné participait à la réunion de partage de ses héritiers. Les bienfaiteurs spirituels affirmèrent que : « Presque toujours ; Dieu le veut pour sa propre instruction et le châtiment des coupables ; c’est là qu’il juge ce que valaient leurs protestations ; pour lui tous les sentiments sont à découvert, et la déception qu’il éprouve en voyant la rapacité de ceux qui se partagent ses dépouilles l’éclaire sur leurs sentiments ; mais leur tour viendra » (7).

    Ce sujet nous conduit aux ères apostoliques lorsque quelqu’un dans la foule questionna Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. Jésus lui dit : qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages. Et il leur dit : Attention ! Gardez-vous de toute avidité ; ce n’est pas du fait qu’un homme est riche qu’il a sa vie garantie par ses biens » (8).

    Pour terminer, on conclura avec la réflexion d’Humberto de Campos : « si vous possédez un peu d’argent ou détenez certaines possessions terrestres, et que vous êtes réellement enclins à faire des donations, n’attendez pas. De grands hommes que le monde admirait du fait de leur habileté et de leur volonté de concrétiser d’importantes affaires, apparaissent auprès de nous, en de nombreuses occasions, semblables à des enfants désespérés parce qu’ils ne parviennent pas à manœuvrer les talons de chèques » (9).

    Jorge HESSEN

    Source : Revista A luz na mente, 6 août 2014
    Traduction : J.E. NUNES
    Bibliographie :

    1)    F.C. Xavier, O consolador, q. 68
    2)    Veja.abril.com, 2 avril 2014
    3)    Allan Kardec, E.S.E., chap. 16, §14
    4)    F.C. Xavier, Cartas e cronicas, chap. 4
    5)    Waldo Vieira, Conduta espirita
    6)    Allan Kardec, E.S.E., chap. 16, §15
    7)    Allan Kardec, Livre des esprits, q. 328
    8)    Luc, 12:13-15

    9)    F.C. Xavier, Cartas e cronicas, chap. 4