Traduction: Jean Emmanuel Nunes
Paris / France
La schizophrénie présente un ensemble de symptômes très
divers et complexes, parfois difficiles à comprendre. Elle peut apparaître et
disparaître en fonction des cycles de récidives et de rémissions.
Aujourd'hui, elle est considérée non pas comme une maladie
unique, mais comme un ensemble de pathologies affectant toutes les classes
sociales et tous les groupements humains. Généralement, le diagnostic présente
un niveau de fiabilité relativement faible ou incohérent. Ainsi, la
schizophrénie n'est pas une double personnalité, car elle est beaucoup plus que
cela et qu’il n'y a aucune raison d'y inclure les Troubles de la personnalité
multiple.
En 2004, au Japon, le qualificatif japonais pour désigner la
schizophrénie fut renommé « Seishin-Bunretsu-Byo » (= maladie de
l'esprit divisé) en lieu et place de « Togo-shitcho-sho » (= désordre
d'intégration). En 2006, des militants au Royaume-Uni, ayant pour slogan de
campagne l'abolition de la schizophrénie, rejetaient cette présentation de la
schizophrénie et préconisaient une approche différente pour comprendre et
traiter les symptômes qui y sont associés.
C'est le suisse Eugen Bleuer qui, en 1911, inventa le terme
«schizophrénie» pour désigner une dissidence entre la pensée, l'émotion et le
comportement («schizo» signifie «scission» et «phrénie» signifie «mental»).
C'est une maladie chronique qui touche environ 60 millions de personnes sur la
planète (1% de la population mondiale), répartie également entre les deux
sexes. La définition des caractéristiques spécifiques de la maladie a été
critiquée, pour être dépourvue de validité scientifique ou de fiabilité,
d’autant qu’en général, la validité des diagnostics psychiatriques est largement
critiquée. Une opinion alternative suggère que les problèmes de diagnostic
seraient mieux compris si des dimensions individuelles, qui varient, on en
arrivait à un spectre continu plutôt qu'à une coupure nette entre normal et
malade.
D’ordinaire, le schizophrène n'est pas violent ou dangereux.
En dehors des crises, c’est une personne comme les autres. Cependant,
quelques-uns, lorsqu'ils sont en crise, deviennent agressifs, verbalement ou
physiquement, parce que les délires ou les hallucinations peuvent les faire se
sentir menacés.
Il n'y a pas de symptômes déterminants permettant aussitôt
un diagnostic précis. Tant de choses peuvent débuter brusquement et dégénérer
en crise démonstrative, ou à l’inverse débuter lentement sans présenter des
changements extraordinaires, et il se peut que des années passent avant qu’une
crise caractéristique n’advienne. Les symptômes peuvent se confondre avec des
«crises existentielles», des «révoltes contre le système», de «l’aliénation
égoïste», de l’usage de drogues etc… Le délire d'identité (s’estimer être
quelqu'un d'autre) est le signe caractéristique type du patient. Il se retrouve
souvent chez le mendiant qui erre dans la rue, parlant tout seul, ou chez la
femme qui passe à la télévision en affirmant avoir des alter ego, ou même chez
le «fou» qui apparaît dans les feuilletons et les films. Cela fut, pendant de
nombreuses années, synonyme d'exclusion sociale, car le diagnostic de
schizophrénie entraînait l'hospitalisation en hôpitaux psychiatriques (asiles)
ou en foyers, où les patients restaient plusieurs années.
Elle se manifeste habituellement à la fin de l'adolescence
ou au début de l'âge adulte. On dit que les premiers signes et symptômes de la
schizophrénie sont perfides. Les premiers «signes» visibles de calme et de
repli sur soi chez un adolescent, passent généralement inaperçus, car ils ne
sont pas considérés comme des signes avant-coureurs, mais comme une «phase». Il
faut toutefois rappeler combien il est difficile d'interpréter ces
comportements en les associant à l'âge. La symptomatologie schizophrénique est
large, s’agissant d’un syndrome ayant une grande part physiologique, avec une
présence marquée d'hallucinations et de délires. Le comportement, que les
patients présentent habituellement, est souvent conditionné par des délires
paranoïaques et des hallucinations auditives et verbales.
On sait peu de choses à propos de cette maladie et, compte
tenu du défi thérapeutique, le mieux que l’on obtienne c’est la maîtrise des
symptômes avec des antipsychotiques. Cela ne fait qu’à peine plus de 10 ans que
l'Organisation mondiale de la santé a émis des critères clairs et objectifs
pour définir le diagnostic de la schizophrénie. Les causes du processus
pathogène forme une mosaïque: la seule chose évidente est la combinaison de
multiples causes engendrant la maladie. Cela inclut les changements dans la
chimie du cerveau [l'activité dopaminergique est très élevée chez les individus
schizophrènes], les facteurs génétiques, et même les modifications
structurelles.
À l'heure actuelle, il appert que certains
neurotransmetteurs sont impliqués dans la physiopathologie de cette maladie,
tels que la sérotonine et la noradrénaline. Du point de vue physiologique,
nonobstant les grandes découvertes déjà faites jusqu'à présent dans le domaine
des mécanismes étiopathogéniques, l'arsenal n'est pas encore épuisé. En effet,
outre les contributions psychosociales, l'Esprit immortel, l'agent causal
fondamental, doit être pris en compte.
Selon Jung, «l'investigation
de la schizophrénie est l'une des tâches les plus importantes de la future
psychiatrie, car le problème a deux aspects: physiologique et psychologique...»
(1).
Il est important de souligner que l’on peut guérir de la
schizophrénie. Jusqu'à très récemment, on pensait que c'était incurable et que
c’était, nécessairement, une maladie chronique pour la vie. Aujourd'hui,
cependant, on sait qu'un pourcentage de personnes souffrant de ce trouble
peuvent s’en remettre complètement et mener une vie normale, comme quiconque.
Certains, dans un état plus grave, tout en restant dépendant des médicaments,
peuvent aller mieux au point d’avoir un emploi, de se marier et d’élever une
famille. Le mathématicien américain John Nash, qui dans sa jeunesse souffrait
de schizophrénie, a pu renverser sa situation clinique et remporter le prix
Nobel d'économie en 1994.
On peut ainsi s’apercevoir qu’il y a une différence de vue
entre l'aile conservatrice de la psychiatrie et le spiritisme, qui a pris corps
parmi nous, en raison du développement du mouvement spirite brésilien. A mesure
que le concept de matière disparaît des mains des physiciens au profit de la physique quantique, on constate une
nouvelle révolution copernicienne autour du concept d'homme intégral.
Aujourd'hui, il y a beaucoup de psychiatres spirites qui établissent un
dialogue entre le corps et l'esprit.
A ce propos, les maladies relèvent-elles du corps ou de
l'âme ? Il ressort du "Livre des Esprits", Livre II, chapitre VII,
que la matière n'est que l'enveloppe de l'Esprit, et qu’en s’unissant au corps,
l'Esprit conserve les attributs d'une nature spirituelle, les organes ne servant
que d'instruments (2). L'Esprit est porteur de certaines pré-dispositions en
réincarnant. Le principe des facultés se trouve dans l'Esprit et non dans les
organes. Selon la vision spirite, les «schizophrènes» sont des esprits soumis à
une punition. Ils souffrent de vivre dans un corps dont les organes limités les
empêchent de se manifester pleinement.
Les maladies physiologiques et psychiques sont des effets et
non des causes : les dissociations mentales et les maladies organiques sont le
résultat des actions déséquilibrées de l'Esprit, dont le mauvais comportement
blesse d'abord l'auteur lui-même, en ouvrant des zones morbides dans son
psychisme, se reflétant ensuite dans son périsprit, puis s'inscrivant dans le
corps physique lors des réincarnations ultérieures. "L'Esprit transmet au véhicule physique, qui s’ajuste durant
l'incarnation, tous ses états heureux ou malheureux, équilibrant ou perturbant
le cycle des causes et des effets..." (3).
Par conséquent, c'est une pathologie qui trouve son origine
profonde dans l'Esprit délinquant. Il faut aussi prendre en compte l'influence
négative de l'obsession, qui contribue à l'aggravation de la situation et à
l'apparition d'autres dysfonctionnements caractéristiques du trouble. C’est
pourquoi, il faut la voir comme un processus hybride de nature spirituelle,
physiologique, obsessionnelle, lié aux influences psychosociales.
La division de la pensée, la dilution de la mémoire, la
distance de la réalité semblent dénoncer une sorte de nostalgie psychique que
l'inadaptation de l'esprit à l’actuelle réalité
détermine. Des cas typiques d'auto-obsession peuvent se produire selon
les dispositions variables de la schizophrénie. La participation d'entités qui
obsèdent, généralement attirées par l'état des patients, aggravent leurs cas.
C'est une bonne raison pour pratiquer la désobsession.
La psychiatrie et le spiritisme pourraient s'entraider,
semble-t-il, dans un très proche avenir. La psychiatrie n'a aucune raison de
condamner les processus spirites dans le traitement des cas d'obsession et
d'auto-obsession. Il est très important de mieux comprendre les causes originelles
de la schizophrénie et considérer comme essentiel le traitement spirituel
(désobsession, passe, eau fluidifiée, prière) offert par la Doctrine Spirite,
basée sur les enseignements du Christ, qui ressortira inévitablement des
recommandations scientifiques pour le traitement de toutes les maladies humaines.
Jorge HESSEN
Le 14 juin 2009
Source : A luz na mente, revista online
Traduction : J.E.
Références :
(1)Jung, Carl Gustav. Psicogênese
das Doenças Mentais, Editora Vozes, 1999
(2)Kardec, Allan. Livre
des Esprits, Livre II, ch. VII
(3)Xavier, Francisco Cândido e Vieira Waldo. Evolution en deux Mondes, dicté par
l’Esprit André Luiz, Ed. FEB 2003